La Xaintrie - Les tours de Merle
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1902 : Saint-Bonnet-le-Pauvre dans le dictionnaire des paroisses de l’abbé Poulbrière

D 25 juin 2021     H 21:40     A Pierre     C 0 messages


SAINT-BONNET-LE-PAUVRE

Canton de Mercœur, arrondissement de Tulle, ancien archiprêtré de Brivezac. — Superficie : 594 hectares, population : 219 habitants ; distance du chef-lieu cantonal : 18 kilomètres.

Petite cure de 33 feux au dénombrement de 1735, d’un revenu de 200 livres et du vocable de Saint-Bonnet, mais dans les derniers siècles du patronage de saint Maur, dont on y fait encore la fête votive. — Incorporée en 1318 au diocèse nouvellement créé de Tulle, elle était à la nomination de l’évêque de cette ville. On l’appela quelquefois (1615, par exemple, et bien plus tôt) Saint-Bonnet-ô-Merle ou près Merle, mais le plus souvent Saint-Bonnet-le-Pauvre (lo paubre, 1485).

L’église, récemment réparée et dans ses parties les plus anciennes d un style roman assez douteux, garde une cloche de 1603 :
SANCTE BONETI, ORA PRO NOBIS.
NOBLE CLAVDE DE PESTEILH.
FAICT LAN MIL SIX CENT 3.

Les registres de 1747 nous parlent dans les termes suivants d’une autre cloche :
« La petite cloche de ceste paroisse fut fendue considérablement quelques jours avant la Noël de 1746, par l’imprudence d’un homme qui, sonant la nuit, suivant la coutume, le batan à la main, frappa avec trop de force.
« Cette cloche fut refaite en 1747 à Roffiac par le nommé Gausbert. L’ancienne pesoit 100 livres, la nouvelle a pese 140. Suivant le prix fait du 12 mars 1747 on donnait 40 livres pour la façon, à la rendre au même poids, et on devoit paier l’augmentation à raison de 25 sous la livre pesant. Les 40 livres d’augmentation ont monté 50 livres : avec les 40 livres-façon, font 90 livres, qui ont été paiées par le sindic fabricien.
« La bénédiction de ceste cloche a été faite le 19 août an susd. M. de St-Geniès, parin, a donné douze livres ; madame de Massabeau, marreine ; mademoiselle de Massabeau, sa fille, a tenu sa place et a donné six livres ; madame de St-Gemes a donné trois livres ; M. de Comarques 24s et un particulier 2s. »

Nous ferons entrevoir plus loin les familles auxquelles appartenaient ces noms, énumérons en attendant les curés de la paroisse :
1473, Martial d’Aussolé (Aussoleil, aujourd’hui) ; 1522, Pierre Tarassanges ; 1569, noble Claude de Pestels, curé en même temps de Saint- Geniez-ô-Merle et qui pourrait être le gentilhomme inscrit sur la cloche ; entre 1644, où il n’était que prêtre de l’endroit, et 1652 où il était curé, Jean Tarassanges, qui, en faisant son testament le 5 février, exprime la volonté d’être enseveli dans l’église, au tombeau à lui appartenant en lad. qualité de curé ; même année 1652, Etienne Soutane, prenant possession ; 1661, Pierre Laval, qui eut contre le seigneur de Saint-Bonnet, Claude de Pesteil, au sujet du partage des dîmes inféodées à la famille de celui-ci, un arrêt du parlement de Bordeaux en date de 1671 ; 1695, Jacques de Prallat, appelé à la cure de Saint-Mathurin en 1712 et remplacé par Louis Deymar [1] ; 1751, Jean Croisille, enterré dans le sanctuaire le 21 février 1778 ; en mai de cette année-là, Jean-François Cassan, qui prête plus tard le serment schismatique, reconnaît l’évêque constitutionnel et, jusqu’au 22 décembre 1792, signe les registres « au déffaut « des officiers de ladite paroisse, qui en ont été avertis de sa part » : à partir du 10 frimaire an III commencent les registres civils de « Bonnet-le-Pauvre » ; le curé continue d’exercer jusqu’en 1802. — L’église ne devient après le Concordat qu’une annexe de Goulles, jusqu’au 7 octobre 1850 où l’on en rétablit le titre paroissial. Goulles continue cependant de desservir ; mais en 1873 M. Antoine Dauvis s’y porte en curé résidant, avec remplacement huit ans après par M. Jacques-Rémi Marinie, chanoine honoraire de Tulle, mort retiré en 1903 et qu’avait suivi, en 1902, M. Albert Valette, titulaire actuel.

En 1569, honorable homme Jean de Ventach, seigneur de la Vialle, en la paroisse de Sexcles, se qualifiait coseigneur de cette paroisse en même temps que de celle de Saint-Bonnet-le-Pauvre. Marguerite, sa fille héritière, épousa Jean de Villars, de Goulles, et lui porta cette coseigneurie dont on voit successivement qualifiés plusieurs Villars. Leur maison s’étant perdue par alliance dans celle des Comarque (Périgord), on n’est pas surpris de trouver l’un de ceux-ci comme témoin d’un baptême sur les registres de Saint-Bonnet ; mais il n’en est pas qualifié coseigneur. La permanence de ce titre demeure jusqu’à la fin dans le château du Rieu, principal propriétaire d’ailleurs de la coseigneurie.

C’est une jolie résidence que ce château du Rieu où le maréchal Ney trouva en 1815 le dernier de ses asiles avant d’aller se faire prendre au château de Bessonie, non loin de là. L’horizon en est étendu, l’abord agréable, l’aspect féodal. Une grosse tour d’angle, malheureusement abaissée ou trop basse, une jolie tour d’escalier couronnée de mâchicoulis, une autre en dehors de la demeure mais à l’intérieur de la cour ayant servi de chapelle, une avant-cour garnie de balustrades de pierre et rehaussée d’une échauguette, devant ce promenoir la pelouse d’un parc ombragée de grands arbres et embellie d’une rivière anglaise, des jardins bien tenus, des étangs sommeillant au-dessous dans le vert des prairies : tel est l’aspect de ce manoir solitaire, distant de quelques centaines de mètres du clocher paroissial.

La première mention en date du 6 des ides de septembre 1270. Il est dit alors la maison neuve de Pestel, dans un bail par lequel un Pestel reconnaît devoir l’hommage au seigneur du château de Merle, dont sa famille avait en partie la possession depuis l’alliance d’un de ses membres avec Hélis de Merle. Cette possession, la famille la garda ; toutefois d’autres alliances l’attirèrent promptement en Auvergne, où elle résida dès lors de préférence. Au xvc siècle une bifurcation se produisit qui nous valut une branche limousine, ramifiée même plus tard sur plusieurs autres points de notre territoire.

Guy IV de Pestels, par contrat du 18 juin 1481, donnait en effet à Rigaud, son fils aîné, ses terres d’Auvergne et laissait à Louis, son puîné, la châtellenie de Merle, à laquelle se rattachait le Rieu. Ce Louis était un des cent gentilshommes de la maison du roi et avait été capitaine du château de Nantes. Il habita régulièrement au Rieu, où sa femme et lui firent leur testament en 1547 et 1522. Leur descendance y résida pareil­lement : mais voici ce qu’on lit au cours d’une généalogie manuscrite de la famille, soit au sujet de la femme de leur petit-fils, Claude de Pestels, soit au sujet du château lui même :

« Il y a bien lieu de croire que ledit Claude de Pestels avoit des frères du côté paternel, qui étaient même officiers dans le régiment de Rambures, y ayant une tradition du païs qui porte, que du temps des guerres des religionaires, la dame de Pestels, Héleine de Reilhac, habitait dans les tours de Merle, pour se mettre à l’abry de leurs insultes ; et qu’un jour ayant été à son château du Rieu, des beaufrères revenant du service y arrivèrent ; qu’elle voulût les engager à se retirer, avec elle sur le soir, dans les tours de Merle, suivant sa coutume, mais que ces Mrs étant bien armés, ainsi que leurs domestiques, lui dirent qu’elle n’avoit rien à craindre dans le lieu où ils étoient fatigués, qu’ils avoient besoin de repos et qu’ils l’escorteroient le lendemain pour retourner à Merle ; que cependant pendant la nuit les huguenots d’Argentat, étant venu en force attaquer le château du Rieu, l’avaient forcé et égorgé tous ceux qui étoient dedans, à la réserve de la dame de Pestels, qu’ils épargnèrent en considération de ce qu’elle étoit enceinte. C’est après cette tragédie que la dite dame fit bâtir le château du Rieu, au lieu où on le voit aujourd’huy, ayant une grosse tour, et des murs fort épais, et sur les portes duquel on voit encore ses armes de Reilhac, à côté de celles de son mari. Ledit château étoit auparavant environ 150 pas plus bas. »

Jean, fils des deux époux, fit le 18 janvier 1626, hommage au roi « pour raison du château, maison noble, terre et seigneurie du Rieu » ; malade « en la chambre de la grosse tour » il fit, le 17 mars 1636, son testament par lequel il demandait à être enseveli, « aux tombeaux de ses parents », dans l’église de Saint-Bonnet.
Claude II, son fils à lui, n’eut que des filles, dont l’une, mariée à Jean de Caissac, sieur de Cabannes, rendit son mari seigneur de Merle et du Rieu. Comme à ces deux seigneuries s’adjoignit celle de Saint- Geniez-ô-Merle, plus d’un membre de la famille porta le nom spécial de sieur de Saint-Geniez. André de Méallet de Fargues, autre gentilhomme auvergnat, reçut l’héritage entier comme neveu du dernier seigneur de la maison de Cayssac et le laissa tomber de façon inconnue dans celle de Meilhac, qui se qualifiait seigneuresse du Rieu à la veille de la Révolution. Elle l’a gardé et c’est sa dernière descendante, Cécile de Meilhac del Vert, veuve Laborie, qui l’a transmis en héritage à Mlle Croisille au printemps de 1903.

Une des tours-donjons de Merle appartient également au Rieu. On y voit, comme peut-être à l’extérieur du chevet de l’église de Saint-Geniez, comme en tout cas à l’intérieur de celle de Saint-Bonnet, les armes des Pestels : d’argent à la bande de gueules, accompagnée de six flanchis du même.

Dans ce panorama des Tours de Merle, la tour de la famille Pestels est celle située à droite - Photo : Pierre Collenot

Villages de Saint-Bonnet-le-Pauvre : le Bos, le Combel, Côtecourte, la Croix-Pauque, Fournols, Crézemanges, près duquel des tumuli, le Moulin de Laval, le Rieu, le Roc-Pestolet, la Roufie, en 1319 Raolfie, ce qui en rattache le nom à un Raoul ou Rouf : Rigald de Merle possédait ce village à la date susdite et Jean de Pleaux, damoiseau, le revendait en 1513 à noble Foucaud de Merle ; Tressanges, avec son moulin.


[1Curé, qui ne cessa de signer aux registres qu’en septembre 1751 et qui nous y a laissé la note sur la cloche, se distrayait parfois à y tracer des vers moins remarquables par leur facture que par la piété dont ils semblent l’expression. Je n’en cite que cette « Oraison qui renferme plusieurs actes des vertus » et qui est le morceau le meilleur :
Seigneur, je vous adore et révère en tout lieu ;
Je crois, j’espère en vous ; je vous aime, o mon Dieu.
Pardon ! je ne veux plus rien dire ni rien faire
A l’avenir, Seigneur, qui puisse vous déplaire.

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